11 Diables Rouges

Publié le par Emoule

Le dimanche à Brazzaville, c'est jour de match, de football évidemment. Le programme du stade Massemba Débat est plutôt chargé en ce début de mois d'octobre. Dimanche 03, finale de la coupe CEMAC, tournoi rassemblant les pays de la zone de libre échange portant le même nom : Congo - Cameroun - Tchad - RCA - Gabon - Guinée équato. En finale, victoire du Congo face aux lions indomptables après une séance de tirs au but à rallonge (9 à 8).

Dimanche 10 octobre, match éliminatoire de la CAN 2012, le Congo affronte cette fois-çi la modeste sélection du Swaziland, large victoire 3 à 1 des mêmes Diables Rouges (surnom de l'équipe nationale congolaise).

 

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Il faut savoir que l'accès au stade, au Congo, comme dans beaucoup d'autres pays africains j'imagine, ne se fait pas aussi simplement qu'on le pense. Les billets coûtant entre 500 et 2000 Fcfa (entre 0.75 et 3€), les gradins se remplissent rapidement, dépassant largement la capacité maximale autorisée. Il est donc parfois délicat voir dangereux de se rendre à ce genre de manifestation surtout lorsque l'on est blanc et non accompagné.

SP A0123Je suis donc allé voir ces 2 dernières rencontres et ai pu jouir de l'exceptionnelle ambiance qui règne dans un stade de football africain. Il n'y a pas 1 mais bien 35 000 sélectionneurs autour de la pelouse, chacun réagissant au grés des performances des joueurs,... même Domenech pendant ses derniers mois de mandat n'a pas était mis autant à l'épreuve que le coach congolais au cours de cette rencontre. je crains d'ailleurs que le corps arbitral également puisse parfois se laisser influencer par cette marée humaine grondant à l'unisson à chaque faute de jeu commise contre son équipe.

Pour preuve, durant ces 2 matchs, le Congo a bénéficié d'un pénalty plus que litigieux, évitant à l'arbitre humiliation voir pire, envahissement de la pelouse.

 

Afin de ne pas trop attirer l'attention, nous n'avons pas pris ouvertement de clichés en public, ceci pour d'éviter tout désagrément avec l'assistance. Un exemple tout bête, vous prenez une photo d'une action de jeu, par malheureux hasard, suite à cela, l'équipe adverse marque un but ou un joueur congolais se blesse, vous aurez vite fait de passer pour un sorcier blanc qui provoque les catastrophes avec son appreil photo et de vous faire chasser du stade (avec diplomatie ou non). SP A0130Vous pensez que j'exagère, que c'est réducteur et que ce sont des histoires d'un autre temps, et bien je vous invite à venir constater sur place à quel point la sorcellerie et les croyances occultes font partie intégrale de la vie en Afrique Centrale, dans le sport comme dans de nombreux autres domaines. J'ai donc du prendre ces quelques photos avec mon téléphone portable, ce qui explique la piètre qualité de ces derniers.

 

Par chance, nous avons pu suivre ces rencontres sans trop de souci, ceci grâce aux heureux hasards que peut parfois réserver la vie.

La veille au soir, lors de l'une de nos escapades nocturnes dans une Nganda de Moungali, nous avons croisé ALINO, la mascotte des diables rouges. Un bout d'homme d'à peine 1m60, boitant, une fôret de mini locks sur la tête, un individu plus qu'atypique mais au combien sympathique. Il nous donne donc rdv le lendemain devant l'enceinte du stade. Arrivé là, il nous fait courir jusque dans les coursives sous la tribune des "Ultras", il y enfile une combinaison intégrale "Vert Jaune Rouge", il nous met en file indienne derrière lui, fait jouer son orchestre (2 caisse claires et 2 cuivres) et nous entraine dans l'extraordinaire ambiance de ce stade.

Le choc ! des dizaines de milliers de personnes scandent son nom, nous dévisagent, Alino est bien l'îcone footablistique locale, les 30 000 personnes présentes (et bien plus en dehors) connaissent ce personnage haut en couleur. Nous ne nous attendions pas à un tel déploiement pour notre entrée dans le stade, escorte, musique,... pas plus serein que cela, nous rejoignons nos places "atitrées pour l'occasion" et suivont la partie dans une indescriptible ambiance. Boulogne, Auteuil et autres Virages Sud, rhabillez vous !

SP A0128Je comprends, sitôt le match commencé et l'attention portée sur nous diminuée, qu'il s'est "fait mousser", comme on dit, en réalisant son entrée dans le stade aux côtés des seuls blancs présents ce jour là. C'est de bonne guerre, nous avons vibré autant si ce n'est bien plus que lui. Il n'en reste pas moins que nous garderons, je pense, tous en mémoire, cette incroyable après midi au stade municipal de Brazzaville.

 

Comme souvent à Brazzaville, le dimanche après midi se termine en musique. Après le stade, direction les quartiers sud pour rejoindre Acramo, mon "frère congolais", rdv est pris à Bacongo, dans la cour d'une Nganda traversée par un manguier dont le tronc est peint couleurs locales. 1 bassiste, 1 guitariste et 1 percussioniste au talent insoupconnable improvisent des airs d'ici et d'ailleurs. De Franklin Boukaka à Jacques Loubelo en passant par St germain, ils savent tout jouer ! Ils seront rapidement rejoins par une charmante chanteuse qui reprendra les classiques de la rumba congolaise. Plus que 3 mois dans cette douce ambiance, le retour en France va focément être compliqué.

 

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        Brazzaville est mon village !

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